FDU ANGERS

LES BUNKERS


Les bunkers du parc en rouge. En bleu, la piscine ou reserve d'eau, en vert, l'ancien chateau d'eau.

600 ouvriers construisent dans le parc 11 blockhaus (le 11ème blockaus se situe à la sortie de St Barthélémy d'anjou "le patis", aujourd'hui, surplombé d'une maison, il servait autrefois d'antenne relais au bunker de communication) Des baraquements pour près d'un millier de marins allemands y ont été construits aussi.

BUNKER AMIRAL

 

Le bunker amiral reçoit en faite ce nom par ces dimensions (grand comme un terrain de football) Le bunker reçoit les mêmes infrastructures intérieures qu'à Kernevel. Il est tel un iceberg, visible en surface d'un étage, mais le coeur se trouve sous terre avec un chemin sous-terrain relié au château (ce sous-terrain existe toujours de nos jours) Le coeur, est une salle plus grande que les autres, c'est
"la chambre de situation".

"Les murs de cette vaste salle moderne étaient couverts de grandes cartes marines, qui indiquaient par des aiguilles ou de petits drapeaux, la position des sous marins et des navires, allemands ou ennemis, suivant la couleur.

Carte marine Nord atlantique 1934 -- Table Seeburg et carte employées sur bunker L479 (danemark)

On suivait leur route probable. On avait connaissance des convois attendus, des zones surveillées, des rayons d'action de la défense. Des graphiques complétaient ces cartes. Ils donnaient la différence d'heure entre le P.C. et les divers secteurs, la force et la direction des courants, les conditions de la glace et de la brume, particulièrement dans l'Atlantique nord-ouest, la situation météorologique quotidienne...Un énorme globe terrestre ayant plus d'un mètre de diamètre, permettait de se faire une idée plus juste des distances, qui sont déformées dans une projection plane. Plus loin, on voyait des graphiques représentant les destructions, les pertes, les opérations effectuées contre les convois. C'est ainsi que l'amiral Donitz décrit la chambre de la situation de Kernevel...



Le contre amiral Rosing, nous apprend que la chambre de la situation de Pignerolles etait plus vaste et plus moderne encore que celle de Kernevel." (Chronique d'Angers sous l'occupation. M.Lemesle)
D'autres pièces débouchent accessoirement sur une salle de chiffrement (chiffrement, déchiffrement ENIGMA) sur une série de locaux techniques et autres locaux de réception et de commande des émetteurs (reliés sur le toit par des antennes en formes de roues de bicyclettes)

Au dessus, une Machine ENIGMA présente dans les sous-marins pour le chiffrement lors de la réception des ordres de missions et le déchiffrement lors de l'envoi des rapports de missions vers les P.C. type FDU ANGERS (Pignerolles)

L'une des équipes, les premières à déchiffrer le code ENIGMA est polonaise et cela dès 1939. Elle rejoindra les services sercrets britannique et auront laissées une empreinte déterminante dans la bataille de l'atlantique (cf ULTRA VS ENIGMA)

Le parc est entouré de nids de mitrailleuses et autres pièges (grenades piégées, champs de mines, fossé antichars...)



"Des nids de DCA sont cachés dans les arbres (la motte que l'on voit à l'entrée du chateau sur la droite est un bunker recouvert de terre, il servait à l'alimentation en munition des diverses DCA) défendant la couverture aérienne du parc.

Les ordres transmis par le Q.G (Koralle près de Berlin) étaient diffusés par télé graphie-radio aux divers postes récepteurs situés en Allemagne et dans les pays occupés, c'est ainsi que Pignerolle recevait ces ordres.

"Un relais émetteur-récepteur de faible puissance en direction des côtes Atlantique, abritant un complexe téléphonique relié à Pignerolle par un câble, était établi dans un important blockhaus au lieu-dit "La Tremblay", à Mûrs-Erigné (49).

Mûr-Erigné, aujourd'hui.

Ce blockhaus au sud de la Loire fut construit fin 1943 et formait un point de défense, en cas de débarquement allié..." (Chronique d'Angers sous l'occupation. M.Lemesle)

Des précisions, nous ont été apportées concernant ce lieu. (nous remerçions Peter ainsi que Alain, tous deux passionnés de bunker archéologie) Ainsi, ce bunker, serai le seul en france de ce type (V149). Il aurait servi, de commandbunker pour la flotte atlantique de surface de l'Amirauté ATLANTIKKÜSTE, présent sur Mûr-Erigné en mars 1944 a août 1944.

Mûr-Erigné, aujourd'hui.


[remerciement à Peter Heijkoop]

De nombreuses visites d'amiraux vinrent troubler la quiétude des lieux et l'on pouvait entendre les soirées organisées dans tous le parc et ses alentours. Les visites de l'Amiral Donïzt quant à elles sont rares (une pièce est spécialement aménagée en chambre dans le bunker amiral près du sous-terrain)

Les Allemands quittent les lieux en 1944. Rosïng et son Etat major quittent Angers pour Bergen en Norvège ; laissant derrière eux un parc dévasté et pillé et les blockhaus en feu…

Pignerolles : cité de relogement

En 1946, les baraquements allemands permettent à 1000 personnes, dont les logements ont été détruits pendant la guerre, de retrouver temporairement une habitation. Une vraie vie s'organise avec une école, un poste de police… L'Orangerie accueille l'église de la cité et les blockhaus servent de cachettes aux enfants ! A lire

 

Classé monument historique, le domaine est rendu à la Défense Nationale, par ses derniers propriétaires. Secret défense ou pas, le bunker amiral devait servi d'abris anti-atomique au général De Gaulle.

Incise sur ce sujet "secret défense" :

Le magazine Le Point aurait pu pénétrer dans l'abri antiatomique que le général de Gaulle s'était fait construire sous l'orangerie du château de Pignerolle. Choses vues.

Extrait Le Point N°1896 : " ...Les onze bâtiments installés sous les pelouses du château abritèrent d'ailleurs, de 1943 à la fin de la guerre, le commandement des U-Boat. Réquisitionné à la Libération par le ministère de la Défense, le site fut reconverti en 1958 en « cachette » présidentielle en cas d'attaque nucléaire soviétique.

L'abri fut classé « top secret » jusqu'au début des années 70. Pour permettre au chef de l'Etat de continuer de diriger le pays sous les bombes, des appartements furent aménagés, les parois recouvertes d'amiante contre les risques d'incendie. Et un gigantesque central téléphonique fut installé pour qu'il pût joindre à tout moment ses homologues étrangers. De ces installations ne demeurent aujourd'hui que des ruines : des armoires métalliques rouillées, des consignes de sécurité accrochées au mur, mais aussi les reliques d'un ordinateur antédiluvien qui couvre la moitié d'un mur..."

Baudouin Eschapasse

 

En 1971, le District Urbain d'Angers se porte acquéreur du domaine de Pignerolle et entreprend de le restaurer. Les travaux, subventionnés par l'Etat, ont coûté plus de 9 millions de francs, pour le château, et plus de 2 millions pour les bâtiments. Plus tard viendra le Musée de la Communication.

Epilogue

 

Aujourd'hui, les ballades dominicales et les cris joyeux des enfants ont masqué l'histoire qui s'est écrit ici et ont laissé à leur sort, les oubliés de Pignerolles...

(un projet dû voir le jour, le propriétaire, Luc Braeuer du grand Blockaus "Batz-sur-mer 44" voulu faire un musée sur Pignerolles mais sa demande fût vaine. En 2011, l'Association pour le Mémorial des bunkers de Pignerolle est créée et lance ainsi un avenir à ce site attachant mais pesant d'histoire.